Je devais recopier...

Je devais recopier une partie de contrat à la main tout à l’heure, je me suis rappelée à quel point pour moi la recopie est dure. J’ai 40 ans. Je n’arriverai plus à progresser. De là, j’ai écrit (à l’ordinateur) le texte ci-dessous. Que je partage avec vous.

Des fois je me dis que les troubles de mes enfants étaient les miens quand j’étais moi même enfant. Que j’ai survécu alors que personne ne les a jamais pris en compte, que j’ai compensé, tourné autour du pot, trouvé des stratégies, appris à calmer mon cerveau, à me mettre des garde-fous etc. Que tout ça, je l’ai fait seule. Sans mes parents, sans les enseignants, sans ma famille…. Bref je m’en suis sortie et finalement pas si mal.

Des fois, je me dis que si j’ai pu le faire, pourquoi mes enfants ont-ils besoin de moi ? Ils peuvent le faire aussi ! Des fois, je me dis que je vais trop loin: certes il est peut-être dysgraphique-dyspraxique-dyslexique, elle est peut-être dysphasique, certes il y a sûrement autre chose, certes ils s’ennuient en classe, c’est vrai, mais à force de chercher on finira toujours par trouver quelque chose ! Et en plus s’ennuyer en classe ce n’est pas trop grave. Pourquoi encore et encore se battre contre ça ? Pour éviter la phobie scolaire ? J’ai passé 15 ans à redouter le dimanche soir, à pleurer de trop plein régulièrement, à faire « comme si » en classe. Et j’ai même fait BAC + 3. Alors pourquoi changer ? Eux aussi y arriveront ! Alors pourquoi en faire autant ? Et ce autant n’est-il pas trop ? Bien d’autres enfants ont bien d’autres difficultés et les assument sans aide. Alors pourquoi les miens seraient-ils mieux traités que les autres ? Pourquoi demander à un enseignant un aménagement pour mes enfants alors que chaque enfant mériterait un aménagement pour lui seul. Pourquoi les embêter avec ça ? Il suffirait de ne rien faire et dans tous les cas je sais qu’ils s’en sortiront, ils en sont capable.

Oui, je peux ne rien faire. Je peux les laisser s’ennuyer, vivre la double peine, voir la triple peine. Je peux les laisser vivre les injustices de notre monde scolaire. Ils s’en sortiront je le sais.

Oui mais… car il y a un mais, pourquoi le ferais-je ?

Quand mes enfants ont eu besoin de mes mains pour apprendre à marcher, je leur ai donné mes mains, quand mes enfants ont eu besoin de croire en eux, j’étais là à les complimenter, les rassurer, croire en eux à leur place. Quand mes enfants ont pleuré la nuit, j’étais là, une fois, deux fois, trois fois ou même toutes les heures, sans prendre en compte ma santé, ma fatigue, mon épuisement. Quand mes enfants ont été malades, je n’ai pas compté les verres d’eau, les câlins, les bisous qui soignent, les changes…

Alors pourquoi aujourd’hui je les laisserais dans leurs peines ? Pourquoi je ne continuerais pas à partager cette force qu’ils m’ont donnée en faisant de moi une mère ? Pourquoi je cesserais de me battre pour eux sous prétexte qu’il y a pire ailleurs ? Pourquoi je ne leur reconnaîtrais pas le droit de ne pas avoir à en souffrir ? Pourquoi devrais-je écouter ces mauvais apôtres qui me rappellent un temps ou l’enfant n’était pas encore une personne, juste un être en devenir qui n’avait pas le droit d’être différent, en souffrance ?

Mais mon pire ennemi c’est finalement moi-même, pas le discours des autres. C’est ce que j’ai fini par croire, c’est les questions que je me pose… puisque je m’en suis sortie sans aide, pourquoi pas eux ?

Parce que j’ai 40 ans et que je ne sais toujours pas écrire.
Parce que je m’en suis sortie… mais à quel prix ?
Avec combien de larmes dans le regard quand je regarde les années passées ?

Je ne veux pas de larmes pour mes enfants...

 

 

 

MppMpm

 

 

 

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